Effects of policy and educational interventions intended to reduce difficulties in literacy skills in Grade 1

Évaluations Impacts

Ecalle J., Gomes C., Auphan P., Cros L., Magnan A. « Effects of policy and educational interventions intended to reduce difficulties in literacy skills in grade 1. », Studies in Educational Evaluation, 61, 12-20, 2019.

Résumé :

Deux études à grandes échelles ont été réalisées en France, dans des zones d’éducation prioritaire afin de mesurer les effets de certaines politiques éducatives et interventions pédagogiques sur les compétences en littératie des élèves de CP. Dans la première étude, l’objectif était d’étudier l’impact de petits effectifs en classes sur l’apprentissage des élèves, notamment en orthographe et en lecture. La deuxième étude mesurait, quant à elle, les effets d’une intervention pédagogique axée sur le code (phonologie, connaissance de la lettre, décodage et fluidité) et développée par l’association Agir pour l’Ecole. Ces enquêtes, menées en classe avec des petits groupes d’élèves, ont montré qu’une réduction du nombre d’élèves par classe combinée à des approches éducatives ciblées permet de réduire les inégalités lors de l’apprentissage de la lecture.

Synthèse :

La réduction des difficultés en lecture est un sujet auquel les politiques s’intéressent de plus en plus depuis ces dernières décennies. De nombreuses enquêtes internationales ont permis de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les élèves dans ce domaine. Afin d’y remédier, deux types d’intervention peuvent être mises en place : les interventions politiques, proposées par le Ministère de l’Education Nationale, et les interventions éducatives, mises en œuvre par les enseignants eux-mêmes. Deux études à grande échelle ont été menées en France et ont souhaité mesurer les impacts de ces différentes interventions. Cet article met en perspective ces dernières, leurs avantages ainsi que leurs limites, notamment d’un point de vue financier.
Plusieurs études réalisées aux Etats-Unis ont établi un premier constat : le nombre d’élèves par classe constitue un facteur important sur les performances et la réussite des élèves. Le Project STAR (Student Teacher Achievement Ratio) s’est déroulé de 1986 à 1989 auprès de 7 000 élèves. Cette étude à grande échelle a permis de démontrer que les avantages de la réduction de la taille des classes sont plus importants au début de la scolarité d’un enfant (de 5 à 8 ans) et chez les enfants issus de minorités ethniques. Ces effets bénéfiques sont durables et immédiats sur les performances scolaires des élèves. Cependant, l’effet à long terme n’a pas pu être établi. Au Royaume-Uni, une étude longitudinale auprès de plus de 9 300 enfants a également montré les effets positifs de petits effectifs en classe sur les résultats scolaires en littératie et en mathématiques, particulièrement pour les élèves ayant des résultats faibles et pour ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés, rejoignant ainsi les résultats du Project STAR.
En Europe, très peu d’études ont été réalisées sur le sujet. Une enquête à grande échelle a tout de même permis d’étudier les effets de la taille des classes sur les performances scolaires des élèves en France. Cette étude a été mise en place au cours de l’année 2002-2003 et a concerné 200 classes (100 classes expérimentales et 100 classes témoin). Les auteurs Ecalle, Magnan et Gibert se sont concentrés sur deux compétences majeures de la littéracie : la lecture et l’orthographe. Ces deux domaines ont été évalués par les enseignants en début et en fin d’expérimentation grâce à des évaluations effectuées en petits groupes. Ils ont alors fait le constat que le nombre d’élèves par classes avait un faible impact sur l’acquisition de ces deux compétences en littératie. Finalement, les premiers résultats de cette étude montrent que la relation entre la taille de la classe et le rendement scolaire ne sont pas aussi évidents et qu’il faut les mettre en perspective avec d’autres types d’intervention.
Le grand défi des enseignants est d’arriver à adapter leurs apprentissages pour tous les élèves de leur classe, quelle que soit la variété des profils qu’ils ont en face d’eux. Pour cela, l’enseignement différencié semble être la solution la plus appropriée, notamment en lecture. De nombreux chercheurs soutiennent ainsi l’idée qu’une intervention précoce et intensive pourrait diminuer les difficultés en lecture chez de nombreux enfants. Pour cela, les auteurs de cet article recommandent de mettre en place des interventions ciblées en petits groupes.
Afin d’étudier les conséquences des interventions éducatives, Ecalle, Magnan et Gibert ont sélectionné un échantillon de 2 803 enfants scolarisés dans des classes de taille normale, répartis ensuite en groupe expérimental ou en groupe témoin. Les enseignants du groupe expérimental ont bénéficié d’une formation pendant une journée et ont obtenu un livret contenant le programme détaillé des exercices et de la méthode à mettre en place avec leurs élèves. Celle-ci comprenait quatre niveaux : l’apprentissage des compétences phonologiques, des sons des lettres, du décodage et de la fluence. Il leur a ensuite été demandé de consacrer trente minutes par jour à l’apprentissage de la lecture en petits groupes et de donner du temps d’apprentissage supplémentaire (deux fois trente minutes par jour) à leurs élèves ayant davantage de difficultés. Le respect de ce protocole, élaboré par l’association Agir Pour l’Ecole (APE), a été suivi hebdomadairement par des expérimentateurs d’APE.
En résumé, ces deux enquêtes ont permis aux auteurs de confirmer les conclusions déjà mises en évidence dans d’autres pays. Les effets de la taille des classes sur le rendement des élèves en littératie ne sont pas très visibles, quand bien même leur coût financier est élevé. A l’inverse, la mise en place d’interventions pédagogiques ciblées a montré des effets plus importants sur les performances en lecture des élèves en ayant des coûts financiers inférieurs.

A lire sur le même sujet :

Ø Ecalle J., Labat H., Le Cam M., Rocher T., Cros L., Magnan A. « Evidence-based practices to stimulate emergent literacy skills in kindergarten in France: A large-scale study. », Teaching and Teacher Education, 50, 102-113, 2015.
Ø Ecalle J., Dujardin E., Gomes C., Cros L., Magnan A. « Effects of a two-year literacy intervention from Kindergarten to Grade 1: a differential approach. », Australian Journal of Learning Difficulties, 28, 2023.

URL :

https://hal.science/hal-03484902

Mots-clés :

politiques éducatives, lecture, littératie, Agir Pour l’Ecole

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