Une carte des connaissances pour la construction du nombre en maternelle

Articles scientifiques

Croset M-C. et Gardes M-L. « Une carte des connaissances pour la construction du nombre en maternelle. », Revue de mathématiques pour l’école, 233, 117-127, 2020.

Résumé :

Cet article fait suite à une enquête portant sur l’évaluation de l’impact de la pédagogie Montessori sur les premiers apprentissages d’enfants de maternelle. C’est dans le cadre de cette enquête que les chercheurs ont élaboré une cartographie des connaissances à acquérir pour construire le concept du nombre, chez les élèves de maternelle en France. Les auteurs ont ainsi pu comparer le nombre de tâches différentes proposées par les enseignants de l’institution dite traditionnelle et les enseignants suivant une institution de type Montessori. La construction de cette cartographie et son utilisation y sont détaillées dans cet article.  

Synthèse :

Bien que la pédagogie Montessori ait déjà fait l’objet de plusieurs recherches, notamment aux Etats-Unis, peu de ces travaux portent sur les bénéfices de celle-ci. Contactés par des enseignants de maternelle utilisant cette pédagogie et souhaitant évaluer les avantages de cette dernière, les auteurs ont alors imaginé un protocole de recherche, intitulé sous le nom du Projet Cogmont. Le but de ce projet d’étude longitudinale est d’étudier l’impact de la pédagogie Montessori sur les compétences (sociales, langagières, mathématiques, etc.) des enfants en fin de maternelle, suivis pendant la totalité de leur scolarité de maternelle. C’est dans le cadre de cette recherche que les auteurs ont élaboré une cartographie des connaissances sur la construction du nombre chez les élèves de maternelle, en comparant la pédagogie des institutions Montessori et traditionnelle et plus précisément le contenu de l’enseignement porté sur la construction du nombre.

Afin de construire leur carte des connaissances, les auteurs ont d’abord distingué les trois usages du nombre : l’usage ordinal, l’usage cardinal et l’usage décontextualisé. Puis, ils ont organisé les tâches de la construction du nombre en quatre grands genres : coder/décoder, associer, comparer/ordonner et anticiper. Ce premier travail a permis de créer la carte des connaissances (voir Figure 1). En ligne, se trouvent les genres de tâches et en colonne les usages du nombre. Onze tâches y sont réparties.

Pour analyser les différentes tâches proposées par les deux institutions, deux ressources ont été utilisées : d’un côté les ateliers Montessori de première numération (Gardes & Courtier, 2018 ; Montessori, 2016) et de l’autre, les manuels Vers les maths (Duprey, Duprey, & Sautenet, 2016). Ces deux ressources étant considérées comme les documents les plus utilisés par les enseignants.

A partir de ces ressources et de la carte des connaissances, les auteurs ont relevé le nombre de tâches différentes permettant de construire le nombre, pour chacune des deux institutions. La pédagogie Montessori présente 48 tâches, contre 241 tâches proposées aux enseignants de l’institution traditionnelle. Lorsque l’on observe la répartition de ces différentes tâches, plusieurs choses sont à relever. Premièrement, les enseignants des deux institutions ne consacrent pas le même temps de travail à la construction du nombre. L’institution Montessori propose 5 tâches par période contre 16 tâches pour l’institution traditionnelle. Deuxièmement, dans l’enseignement Montessori, certains types de tâches sont peu ou jamais abordés, comme les tâches liées à l’usage ordinal des nombres. A l’inverse, il privilégie l’usage décontextualisé du nombre. Enfin, les auteurs ont relevé que l’institution traditionnelle française découpe l’apprentissage du nombre durant la scolarité maternelle de l’enfant. Ainsi, à 3 ans l’enfant aborde les chiffres de 1 à 3, à 4 ans, les chiffres de 4 à 7 et à 5 ans les chiffres de 1 à 10. A l’inverse, dans l’institution Montessori, propose aux enfants d’aborder les nombres de 1 à 10 directement.

Cette carte des connaissances a été utilisée à l’occasion de formation d’enseignants de maternelle, afin qu’ils puissent, d’une part, comparer les points forts et les points faibles de différentes ressources abordant la question de la construction du nombre, et d’autre part, l’utiliser comme un outil pour s’approprier la ressource. Les enseignants ont pu notamment travailler à partir de la Malette Maternelle (Besnier, Eysseric & Le Méhauté, 2015).

La présentation de cette carte des connaissances et de son utilisation a permis de rendre compte des différentes approches et activités possibles à l’élaboration de la construction du nombre. Constituée de onze types de tâches répartis selon les trois usages du nombre (ordinal, cardinal et décontextualisé), elle permet également la mise en lumière des tâches les plus travaillées et les moins travaillées, pour chacune des institutions. Enfin, cet article relève les différences de découpage dans l’apprentissage des valeurs numériques en fonction de l’âge des enfants et propose une piste de travail sur cette question.

URL :

https://www.rme.swiss/article/view/1742

Mots-clés :

pédagogie Montessori, mathématiques, nombre, cartographie

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