Vocabulary assessment with tablets in Grade 1: Examining effects of individual and contextual factors and psychometric qualities

Évaluations Impacts

Dujardin E., Ecalle J., Auphan P., Gomes C., Cros L., Magnan A. « Vocabulary assessment with tablets in Grade 1: Examining effects of individual and contextual factors and psychometric qualities. », Frontiers in Education, 2021.

Résumé :

Les auteurs de cet article ont conçu pour leur enquête une application pour tablettes numériques capable d’évaluer le vocabulaire réceptif des enfants francophones, en utilisant un paradigme classique d’images à quatre choix et de 240 mots dont la fréquence des mots variait. Plusieurs avantages à l’utilisation de tablettes ont été soulignés par les auteurs : d’une part leur aspect ludique et leur facilité d’utilisation et d’autre part, la rapidité et la précision de collecte des données d’évaluation. Les résultats de l’enquête ont montré que différents facteurs interviennent sur le vocabulaire réceptif des enfants : leur zone sociodémographique, leur sexe, leur âge, ainsi que la fréquence d’utilisation des mots. En résumé, les garçons, les enfants plus jeunes et issus de zones défavorisées ont des scores plus faibles et des temps de réaction plus longs que les autres.

Synthèse :

L’intérêt croissant de ces dernières années pour les téléphones portables et les tablettes numériques à des fins d’évaluation et de développement des compétences d’alphabétisation précoces qui a amené les auteurs à s’intéresser à la notion de vocabulaire réceptif. Il existe deux dimensions à la notion de vocabulaire : le vocabulaire expressif qui fait référence aux mots connus qu’un individu est capable d’utiliser correctement dans une phrase ; et le vocabulaire réceptif qui fait référence aux mots qu’un individu est capable de comprendre oralement ou par écrit. C’est cette deuxième forme de vocabulaire qui a intéressé les chercheurs. Pour cette étude, une application sur tablette a été conçue pour évaluer le vocabulaire réceptif des enfants de CP, en français. En restant sur le modèle du Peabody Picture Vocabulary Test (PPVT-4), l’application propose une forme de paradigme de choix d’images. Le choix s’est porté sur l’utilisation de tablettes numériques en raison des nombreux avantages qu’elles peuvent apporter dans une enquête comme celle-ci, notamment en termes d’intérêt porté par les enfants, mais aussi pour les enquêteurs dans la collecte et le traitement des données. Enfin, l’utilisation de tablettes comme outil de mesure du vocabulaire, permet une analyse précise du temps de réponse des enfants.

Par le passé, certains auteurs s’étaient déjà intéressés à la question du vocabulaire chez les enfants et de nombreux facteurs pouvant influencer le niveau de vocabulaire de ces derniers avaient été mis en avant. Le genre des enfants est l’un de ces facteurs. En effet, il a été démontré que les garçons obtenaient de meilleurs résultats que les filles, bien que celles-ci possèdent un vocabulaire plus large. L’âge est également un élément à prendre en compte puisque le taux d’acquisition du vocabulaire augmente jusqu’à 12 ans, puis ralentit passé cet âge-là. Enfin, le taux de croissance du vocabulaire réceptif est plus faible si l’enfant est issu d’une zone socio-économique défavorisée que s’il vient d’une zone plus favorisée. Ce sont ces facteurs sur lesquels se sont penchés les auteurs dans la présente étude.

Pour ce faire, l’expérimentation a été passée auprès de 281 élèves de CP, en début d’année scolaire. 102 élèves étaient scolarisés dans des écoles faisant partie du Réseau d’Education Prioritaire (REP+) et 179 élèves scolarisés en dehors du REP. Lors de deux séances de 30 minutes chacune, 240 mots étaient proposés. Les enfants étaient installés devant des tablettes avec des écouteurs. Ils entendaient un mot et devaient ensuite toucher l’image correspondant au mot entendu parmi un choix de quatre images. Le temps pour chaque réponse a été enregistré.

Les résultats et constats de cette expérimentation sont multiples. En effet, les chercheurs ont remarqué un effet de zone éducative : les enfants issus d’écoles REP+ ont de moins bons résultats que les enfants hors REP. Ils commettent plus d’erreurs et ont un temps de réponse plus court. De prime abord, l’inverse aurait pu sembler plus logique : un enfant issu d’une zone socio-économique plus faible aurait dû être plus hésitant et donc avoir un temps de réponse plus long en raison de connaissances du vocabulaire moins développées. Les auteurs supposent alors que ces enfants ont privilégié la vitesse plutôt que la précision. De plus, les enfants issus de famille ayant un statut socio-économique élevé lisent plus souvent avec leurs familles et utilisent une grammaire et une syntaxe plus complexes. Autant de points qui expliquent une connaissance et une maitrise du vocabulaire plus élevé chez ces enfants.

Le deuxième constat concerne l’âge des enfants. Ces derniers ont été répartis en deux classes d’âge. Ceux dont l’anniversaire était au premier semestre et ceux dont l’anniversaire était au second semestre. Les auteurs ont alors remarqué les enfants plus âgés avaient des temps de réponse plus faibles et de meilleurs scores de réponses, prouvant ainsi que le vocabulaire réceptif se développe très vite à cet âge-là et que quelques mois d’écart entre deux enfants, peuvent faire une différence.

Il faut également prendre en compte la fréquence des mots et leur rareté dans le vocabulaire. Plus un mot est rare, plus le temps et le nombre de réponses fausses a augmenté. La fréquence des mots a également un lien de corrélation avec la zone socio-économique de l’enfant. Un enfant issu d’une zone socio-économique élevée aura un vocabulaire plus large. Il est également ressorti de cette étude que les filles avaient de meilleures capacités langagières que les garçons, dans les écoles hors REP.

Pour conclure, cette étude démontre que la connaissance du vocabulaire réceptif chez les enfants, dépend de nombreux facteurs individuels, comme le sexe et l’âge, et contextuels, comme la zone socio-économique. Elle peut également dépendre de caractéristiques directement imputées aux mots par exemple, leur fréquence dans la langue française.

Enfin, cette étude a permis de présenter quelques avantages à l’utilisation des tablettes. Ces nouveaux outils numériques, de plus en plus courants, augmentent la motivation des enfants et permettent d’effectuer plus facilement des tests comme celui sur le vocabulaire réceptif. Ces outils pourraient également s’avérer utiles pour des enfants à profils atypiques (troubles spécifiques du langage, difficultés d’apprentissage, trouble du spectre de l’autisme…).

A lire sur le même sujet :

Ø  Dujardin E., Ecalle J., Auphan P., Bailloud N., Magnan, A. « Vocabulary and reading comprehension: what are the links in 7 to 10 year-old children? », Scandinavian Journal of Psychology, 64, 582–594, 2023.

Ø  Ecalle J., Navarro M., Labat H., Gomes C., Cros L., Magnan A. « Concevoir des applications sur tablettes tactiles pour stimuler l’apprentissage de la lecture : avec quelles hypothèses scientifiques ? », Sticef, vol. 23, numéro 2, 33-56, 2016.

Ø  Ecalle J., Dujardin E., Gomes C., Cros L., Magnan A. « Decoding, Fluency and Reading Comprehension: Examining the Nature of their Relationships in a Large-Scale Study with First Graders », Reading & Writing Quarterly, 37:5, 444-461, 2021.

URL :

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/feduc.2021.664131/full

Mots-clés :

tablettes numériques, applications, vocabulaire réceptif, évaluation, CP

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