Effects of targeted interventions and of specific instructional time on reading ability in French children in Grade 1

Évaluations Impacts

Ecalle J., Magnan A., Auphan P. et al. « Effects of targeted interventions and of specific instructional time on reading ability in French children in grade 1 », European Journal of Psychology of Education, 37, 605-625, 2022.

Résumé :

L’objectif est d’examiner l’impact des interventions sur la fluidité et la compréhension de la lecture et la façon dont les effets de ces interventions dépendent du temps que les enseignants passent avec les enfants ayant des difficultés de lecture. Deux groupes ont été constitués : un groupe expérimental (n = 600) formé aux compétences liées au code et un groupe témoin (n = 597) qui n’a bénéficié d’aucune intervention. Dans le groupe Exp, les enseignants ont adapté un temps d’enseignement spécifique pour la lecture (SITR) en fonction des difficultés des enfants. Un gain significatif de 0,23 σ en fluidité et un gain de 0,33 σ en compréhension de la lecture ont été observés en faveur du groupe Exp, mais il n’y a pas eu de gain en compétences numériques (comme prévu) ; b/ la durée du SITR est liée aux scores des enfants en compétences de lecture et d’écriture ; c/ le SITR est lié aux progrès en fluidité et en compréhension de la lecture. Ces résultats plaident en faveur d’un enseignement différencié de la lecture pour les enfants ayant des difficultés lors de l’apprentissage de la lecture.

Synthèse :

Les auteurs de cet article se sont intéressés à l’apprentissage de la lecture chez les enfants de première année et plus particulièrement à ceux en difficultés, en examinant les effets des interventions des enseignants, sur le temps accordé à chaque enfant. Le but étant, d’une part, d’étudier les effets des interventions menés auprès des élèves, selon leur niveau en lecture, et d’autre part, rendre compte des effets du STIR (Specific instructional time for reading) et de la bonne mise en place par les enseignants, d’une durée de séance différente, selon les besoins des enfants. Pour ce faire, deux groupes ont été formés : un groupe témoin et un groupe expérimental où les enseignants ont pu bénéficier d’une formation adaptée, portant sur les compétences nécessaires liées à l’apprentissage de la lecture.

De nombreuses études, démontrent l’importance du décodage et de la conscience phonémique, mais plus rarement de la fluidité qui est pourtant un aspect tout aussi essentiel dans l’apprentissage de la lecture. Pourtant, il existe une relation significative entre la fluidité en lecture et la compréhension chez les enfants scolarisés en première et troisième année. Dans la plupart des études qui s’intéressent au développement de la lecture chez les enfants, le modèle SVR (Simple View of Reading) est utilisé pour évaluer l’apprentissage de la lecture. Néanmoins, le modèle SVR ne prend pas en compte la fluidité de la lecture, ni le vocabulaire, deux composantes pourtant essentielles dans l’apprentissage de la lecture. Seul le décodage et la compréhension sont évalués de façon indépendante, ce qui permet aux enseignants d’isoler les compétences qui mettent en difficulté les enfants, et d’organiser des séances de remédiation le plus adaptées possible. Le National Institute of Child Health and Development (NICHD) a fait la liste des cinq compétences les plus importantes à développer dans l’apprentissage de la lecture, dans laquelle on retrouve la fluidité comme élément essentiel. Les autres éléments étant : la conscience phonologique, les principes alphabético-phonétiques du décodage, la compréhension et la lecture.

Dans cette enquête, les enseignants devaient proposer aux enfants signalés comme ayant des difficultés, un « entraînement adapté systématique, explicite et intensif », plus précisément des séances supplémentaires d’au minimum 30 minutes par jour, en petits groupes d’enfants à besoins similaires. De plus, l’accent devait être mis sur le code alphabétique afin de développer la fluidité en lecture.

La deuxième question à laquelle se sont intéressée les auteurs de cet article, repose sur le temps d’apprentissage des élèves. En effet, il faut bien différencier le temps réel que l’élève passe à étudier, et le temps dont il a besoin pour apprendre. En outre, selon si l’élève travailler seul ou accompagné d’un adulte, le résultat ne sera pas le même.

Pour rappel, lors de cette étude, deux groupes ont été formés : un groupe témoin de 597 élèves et un groupe expérimental de 600 élèves, tous issus d’écoles situés en REP (Réseau d’Education Prioritaire). Le code et la compréhension ont été évalués à l’aide de différentes évaluations, avant (t1.) et après (t2.) les interventions. Les enseignants ont pu répartir les enfants dans des groupes de 4 à 6 enfants, en fonction de leur niveau observé en classe et aux résultats obtenus lors des évaluations t1. Présenté sous forme de livrets, le programme abordait quatre modules : les compétences phonologiques, l’apprentissage des sons des lettres, le décodage et la fluidité. Le temps consacré aux différents groupes d’élèves différait selon leurs besoins.

Les premiers résultats montrent qu’un effet significatif en faveur du groupe expérimental, est visible avec une différence post-test de 0,23 σ en fluidité et de 0,33 σ en compréhension. Suite à cela, les auteurs ont cherché à savoir si les effets de la SITR avaient eu un effet sur les progrès des enfants du groupe expérimental, en matière de fluidité et de compréhension en lecture. Il est alors ressorti que pour une heure en plus d’enseignement, un gain de 0,02 σ a pu être observé en fluidité et un gain de 0,03 σ en compréhension de lecture à t2. De cette enquête, les chercheurs ont pu également mettre en avant l’effet de l’âge des enfants. De fait, les enfants nés lors du premier trimestre (janvier à mars), donc les plus âgés, obtiennent de meilleurs résultats et ont donc besoin de moins d’heures d’enseignements supplémentaires. Enfin, les résultats démontrent l’importance pour les enseignants d’adapter leurs séances et le temps d’apprentissage en fonction des besoins des enfants.

 A lire sur le même sujet :

Ø  Ecalle J., Dujardin E., Gomes C., Cros L., Magnan A. « Decoding, Fluency and Reading Comprehension: Examining the Nature of their Relationships in a Large-Scale Study with First Graders », Reading & Writing Quarterly, 37:5, 444-461, 2021.

URL :

https://doi.org/10.1007/s10212-021-00566-w

Mots-clés :

lecture, décodage, fluidité, compréhension, vocabulaire, Agir Pour l’Ecole

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