Alors que l’année de CP permet de réduire les écarts de performances entre secteurs de scolarisation, les vacances scolaires les accentuent

Activités hors temps scolaire, Évaluations nationales

Andreu S., Conceicao P., Eteve Y., Vourc’H R., « Alors que l’année de CP permet de réduire les écarts de performances entre secteurs de scolarisation, les vacances scolaires les accentuent », Note d’Information n° 23.17, DEPP, 2023. 

Résumé :

Au CP, pendant l’année scolaire, les écarts de performances entre secteurs de scolarisation (en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire) se réduisent. Puis, pendant les vacances d’été, les élèves sont éloignés de l’école pendant deux mois. À l’issue de cette période de congés, les écarts de performances augmentent. C’est le principal constat de cette étude réalisée auprès d’élèves entrés en CP en 2020. Après les congés d’été, en mathématiques, le niveau stagne ou baisse dans tous les domaines sauf en résolution de problèmes. Dans le même temps, les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation augmentent dans tous les domaines au détriment de ceux scolarisés en éducation prioritaire, notamment en REP+. En français, le niveau augmente pendant les vacances d’été, sauf en écriture. Dans ce domaine, tout comme en lecture à voix haute, les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation augmentent. Enfin, la plus forte progression des performances des garçons par rapport à celles des filles en mathématiques, au cours de l’année de CP, se confirme à l’issue des vacances.

Synthèse :

Depuis la mise en œuvre en 2018 des évaluations nationales Repères en CP et en CE1, on constate que les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation (en éducation prioritaire (EP) ou hors éducation prioritaire) se réduisent entre septembre et janvier. Cependant, à la rentrée de CE1, les écarts entre secteurs de scolarisation ont augmenté par rapport à la mi-CP, effaçant par là même une partie des gains observés en début d’année de CP. Cette hausse des inégalités a-t-elle lieu lors de la seconde partie de l’année de CP (janvier à juin) ou pendant les vacances estivales ?

A l’aide du dispositif d’évaluation des conséquences de la crise sanitaire (DECCS), la DEPP a souhaité mesurer l’évolution des performances des élèves à travers le temps. Plusieurs évaluations ont été passées au cours du CP et en début de CE1 (début CP en septembre 2020, mi-CP en janvier 2021, fin CP en juin 2021 et début CE1 en janvier 2021) afin de mesurer l’évolution des écarts de performances selon le secteur de scolarisation des élèves. L’écart de performances est ici considéré comme la « différence entre le pourcentage d’élèves du groupe satisfaisant scolarisés dans le secteur public hors EP et le pourcentage d’élèves du groupe satisfaisant scolarisés en EP. »

L’analyse des évaluations a montré que l’année de CP permet de réduire les écarts de performances entre les secteurs de scolarisation en mathématiques et en français. Entre le début et la mi-CP, on constate une baisse des écarts entre les élèves scolarisés en EP et ceux hors EP. Cette tendance se poursuit entre le milieu et la fin de l’année de CP où les écarts continuent de régresser ou se stabilisent. L’année de CP se caractérise donc globalement par une réduction des inégalités de compétences.

Entre la fin de l’année de CP et la rentrée en CE1, des dynamiques différentes sont observées. En mathématiques, le niveau de tous les élèves stagne voire diminue à l’issue des vacances d’été dans la plupart des domaines. En effet, les résultats sont constants dans les domaines de l’addition, de la soustraction, de la lecture et l’écriture des nombres entiers et baissent en calcul mental, en représentation des nombres entiers et dans l’exercice de la ligne numérique. Seules les performances en résolution de problèmes augmentent. Entre juin et septembre 2021, on constate également que les écarts de performances selon le secteur de scolarisation se creusent dans tous les domaines en mathématiques. L’augmentation des inégalités entre les élèves scolarisés en EP et hors EP est particulièrement visible en soustraction, en résolution de problèmes et dans l’exercice de la ligne numérique. Ces dynamiques sont sous-tendues par des variations différenciées selon les compétences évaluées : en résolution de problèmes, les performances des élèves hors EP progressent et celles des élèves en EP restent stables, tandis que pour l’exercice de la ligne numérique, le niveau des seconds baisse davantage que les premiers. Les vacances semblent également avoir un impact négatif plus prononcé chez les élèves de REP+ : pendant les vacances, la hausse des écarts est plus importante en REP+ que celle observée dans l’ensemble de l’éducation prioritaire (REP et REP+) et celle en dehors de l’EP. La hausse des inégalités scolaires à l’issue des vacances apparaît donc comme particulièrement en défaveur des élèves de REP+ en mathématiques, alors que dans un contexte d’apprentissage scolaire ces écarts ne progressent pas et se réduisent dans certains domaines.

Concernant le français, entre juin et septembre 2021, le niveau de tous les élèves est en hausse à l’issue des vacances d’été, excepté en orthographe. Bien que les écarts de performances soient élevés en juin comme en septembre entre les deux secteurs, les inégalités sont constantes en compréhension orale et écrite, voire se réduisent légèrement en compréhension de phrases lues par l’enseignant. Cependant, les écarts de creusent en lecture à voix haute et en écriture de mots et de syllabes entre les élèves scolarisés en EP et hors EP. A l’inverse des résultats en mathématiques, la variation des écarts de performances en français pendant les vacances n’est pas plus importante en REP+ que celle observée entre l’ensemble des élèves de l’EP et ceux hors EP, sauf pour la compréhension de phrases lues par l’enseignant et la lecture à voix haute où l’écart se creuse en défaveur des élèves de REP+. En français, on constate donc que les inégalités de compétences en lecture et en écriture augmentent pendant les vacances scolaires alors que l’apprentissage pendant la période scolaire permet de les réduire.

Enfin, pendant les vacances estivales, les écarts de performances selon le sexe des élèves augmentent en mathématiques : les garçons obtiennent de meilleures performances que les filles dans tous les domaines des mathématiques, sauf en calcul mental. On peut par ailleurs noter qu’en début de CP, ce sont les filles qui présentent de meilleurs résultats que les garçons dans cette matière. A l’inverse, en français, ce sont les filles qui performent davantage, l’écart avec les garçons restant stable entre juin et septembre. L’amplitude des écarts en faveur des filles en français est par ailleurs moins élevée que celle en faveur des garçons en mathématiques.

A lire sur le même sujet :

Ø  Dujardin E., Ecalle J., Gomes C., Magnan A. « Summer Reading Program: A Systematic Literature Review. » Social Education Research, 4(1), 108-121, 2022.

URL :

https://doi.org/10.48464/ni-23-17

Mots-clés :

déperdition estivale ; vacances scolaires, DEPP ; français ; mathématiques, France

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